domingo, 21 de novembro de 2010

HOMENAGEM: JEANINE BAUDE (FRANÇA)*








Foto: Bandeira da França





ÎLE CORPS OCÉAN


Jeanine Baude (FRANÇA)


Sans agir sans
commune mesure

De l’océan ou du désert tu te risques
les soies habillent les corps

Au bout des tiges le sel
Les forêts d’agapanthes
aurifères les saxifrages

La lumière de l’île sépare la marche insomniaque et
les voûtes se penchent
à cru comme sur
une robe

Matin où la fenêtre océan devient impasse




OCEANO DE CORPO DE ILHA



Sem agir sem
comparação


Do oceano ou no deserto você risca
sedas vestem os corpos


Ao término do sal de talos
as florestas de agapanthes
auríferas as sequoias


A luz da ilha separa o passeio insone e
os arcos dobram
para vindima como em
um vestido


Manhã onde da janela o oceano se torna beco sem saída


(Tradução: Vanda Lúcia da Costa Salles)


Tombeau pour Tristan


Jeanine Baude (FRANÇA)

A Tristan Corbière


Le revenant, s’il en est sur la Terre, serait
Noir de suie, impeccablement sot et riant
De la foudre venue sur lui se déliant
Amère peur d’être le seul, le roturier

L’épitaphe tenue à bout de bras, soldée
Comme carême, jours maigres, sérénades.
L’impudeur, la pluie, la nuit, la bousculade
Jetés à l’encan, la vérole, les jours niais.

Laissez dormir l’idiot, le chantre, l’enragé
Pourquoi tout ce tracas, ces fanfaronnades ?
L’éternel féminin berce son corps usé.

Qu’on se le dise dans les ports. A la parade
Matelots, sans-logis, riches d’avoir été
De fiers crapauds enrubannés d’une ballade.


(édition
printemps des poetes 2005 )


*Jeanine Baude:Poète et critique, née le 18 octobre 1946 à Eyguières dans les Bouches du Rhône. D.E.A de Lettres Modernes (Aix-en-Provence U1). D.R.H. dans une entreprise privée pendant plus de vingt années. Actuellement vit et travaille à Paris. Originaire des Alpilles, elle a suivi la route des rocs d’est en ouest et revient depuis Saint-Rémy de Provence et Cassis, des Hautes-Tatras à la Pointe de Pern, d’Ouessant à New York sur le lieu de houle intime : le poème. Elle aime à dire « J’écris avec mon corps, je marche avec mon esprit » ou bien « Je commets le délit d’écriture » ainsi explorer l’indéfinissable champ.